Ainsi, en lisant le roman clairement historique de Thierry Hesse, Démon, où se joue la Deuxième Guerre Mondiale vue de Russie, ce sont des passages de ce genre qui m'accrochent :
"Un jour où j’éprouvais une certaine lassitude (…) j’ai curieusement pensé qu’un fils ou petit-fils d’Ethel ou de Stella, parlant une langue qui n’était pas la mienne, avec une vie et des souvenirs tout autres que les miens, effectuait les mêmes recherches que moi en un autre lieu de la terre."
Récit enchâssé : le fils rapporte ce que lui a raconté son père, et y intercale des éléments de son propre parcours de journaliste d'investigation. Une grande partie de ses recherches ont lieu à l'hôpital, où l'a conduit on ne sait quel accident. Jeu de résonances entre les époques, les événements, les possibles. Le trouble provoqué par une photo d'une femme qui aurait pu être la grand-mère et qui ne l'est sans doute pas. L'intuition et les rêves.
Le récit a pour fonction de donner un sens à l'Histoire, dont l'absurdité, la cruauté dépassent la raison. Organiser les événements, chercher à identifier le bourreau et défendre la victime. Le narrateur se voit d'ailleurs reprocher une vision manichéenne du monde, inapplicable en Sierra Léone, où les enfants mêmes des victimes rejoignent les troupes destructrices d'enfants soldats, monstres drogués et sanguinaires. Le journaliste qu'il est avoue être revenu de ce voyage déprimé et insensible.
Un roman historique qui traduit une quête existentielle ?
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